A la découverte des coutumes de l’enfantement...


Publié le : 23/06/2021 22:12:38 - Catégories : Autour de bébé


A la découverte des coutumes de l’enfantement...

On ne naît pas en Chine comme au Mali ou en Inde, ni au Brésil comme au Canada.

Quelle que soit l’ethnie, à la sortie du ventre maternel, l’enfant est généralement accueilli par une sage-femme ou une parente. Avant d’être pris dans les mains l’enfant reposera souvent à terre, et ce jusqu’à son premier cri. Ce contact est essentiel dans de nombreuses ethnies, principalement en Afrique, car le bébé est associé à l’image d’un fruit lié à la terre nourricière, terre que l’on doit remercier. Le premier contact que percevra l’enfant sera celui d’une natte de paille, d’un pagne, du sol de la maison, voire de la terre battue. Chez les Bakongos du Zaire, c’est sur une feuille de bananier que le bébé reposera.

Dès que l’enfant a poussé son premier cri et que l’on s’est assuré de sa bonne santé, dans toutes les sociétés du monde on laisse cours à sa joie. Dans toute l’Asie l’heure précise de la naissance sera scrupuleusement notée. Un astrologue établira l’horoscope qui déterminera tous les grands moments de la vie de l’enfant.

D’ores et déjà ce petit être qui vient au monde fait partie de la communauté, et on le fait savoir. Les Esquimaux le nomment « bébé » pour la première fois, car dans le ventre de sa mère, il n’était que le « bébé à naître ». Au Maghreb, les femmes pousseront leurs youyous de bienvenue. Ailleurs, on applaudira. Le père Dogon du Mali s’empressera de faire une croix à la suie sur le porte de la chambre d’accouchement, prouvant que l’enfant est bien arrivé. Au Togo, les Ewés accueillent le bébé comme ils ont coutume de le faire avec un étranger qui arrive : celui-ci devra boire quelques gouttes d’eau que l’on déposera sur sa bouche et sur sa langue. Au Népal les parents simulent l’achat de l’enfant tharu en le déposant dans un panier rempli de grains. Ils reprendront le bébé tandis que les céréales seront offertes à la sage-femme qui a suivi l’accouchement. 

   

De nombreuses coutumes consistent à transmettre à l’enfant des aptitudes physiques, morales et, même, intellectuelles. Les Wolofs du Sénégal sont persuadés que d »jà, les premières paroles prononcées au nouveau-né auront un impact considérable sur sa vie future. Dans le sud algérien, c’est la sage-femme qui va insuffler à l’enfant toutes les recommandations nécesaires pour vivre longtemps.Tous les dangers qu’un individu peut rencontrer sur terre sont énumérés un par un à l’oreille du tout petit qui vient de naître. Elle évoquera toutes les menaces, sinon l’enfant sera doublement effrayé lorsqu’il devra faire face au danger.

Chez les Soussous, en Guinée Conakry, des dons oratoires seront communiqués au bébé grâce au griot, ce poète dont la maîtrise de la langue est réputé. Pour ce faire, il machera une noix de kola et du gingembre et il recrachera le tout dans la bouche de l’enfant. Auparavant la sage-femme aura pris soin de couper le frein de la langue de l’enfant (lien fin situé sous la langue) pour qu’il ait une élocution facile. Cette pratique était encore courante en France rurale au milieu de XXème siècle.

Dès la naissance, on doit donc donner à l’enfant les armes nécessaires pour qu’il soit en mesure de se battre dans la vie. Au Togo on dépose dans l’eau du bain un bouchon de liège et un morceau de silex. Comme le liège, l’enfant flottera au-dessus des tempêtes de la vie. Comme le silex, il sera dur et tranchant face aux attaques. Au Zaire, la sage-femme baluba frottera le nouveau-né sur la terre issue d’une termitière, sans doute pour lui apporter toute la vitalité de cette terre vivante.

Selon les croyances des pays, les dieux, les ancêtres, quelquefois les esprits seront remerciés, car on pense que c’est grâce à leur action que l’accouchement s’est bien déroulé. Les offrandes et les sacrifices ont également pour fonction de préserver de bonnes relations avec ces êtres surnaturels pour qu’ils continuent de protéger l’enfant dans sa vie future.

Les génies qui ont aidé la sage-femme seront remerciés par le père bakoué en Côte d’Ivoire : il offrira à l’accoucheuse un poulet blanc. Chez les Dogons, la poule ou le coq ne seront sacrifiés que si la mère a donné naissance à un enfant mâle. Alors, le père égorgera l’animal sur les poteries des ancêtres en disant une prière pour que la santé de l’enfant soit préservée.

Au îles Tonga, en Polynésie, c’est le grand-père maternel qui effectuera les sacrifices le jour de la naissance en égorgeant un poulet et un cochon. A la fin du premier mois, les Vietnamiens célébreront leurs ancêtres en partageant un bon repas. Des cadeaux seront offerts aux déesses qui ont permis au bébé de venir au monde et d’être en pleine santé. Ces nourrissent célestes étant au nombre de 12, on disposera les présents en douze exemplaires !

Source : Venir au monde, Lise Bartoli - Petite bibliothèque Payot - 2010



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